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Aboukir et Trafalgar : l'échec naval de Napoléon Bonaparte

Dans la mémoire collective, on retient facilement les nombreuses batailles de Bonaparte et du Premier Empire. On se souvient de Trafalgar et parfois d’Aboukir. Il serait réducteur de limiter la politique et la stratégie maritime de Napoléon Ier à ces seules batailles. L’ambition était de rattraper les Anglais, et de pouvoir leur contester la maîtrise des mers. Malgré, tous les efforts et les nombreux projets, les résultats furent limités : faute de temps, de matériaux et de compétences.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par François Tonic (historien, journaliste, rédacteur en chef Pharaon Magazine, paru initialement dans Histoire de la Marine)

Chacune de ces deux batailles s’inscrit dans un contexte particulier. La défaite d’Aboukir scellait le destin maritime de Bonaparte. Sans pouvoir tirer les conséquences, Trafalgar confirme le jugement d’Aboukir. Chaque défaite, par un certain hasard de l’Histoire, hypothèque les ambitions françaises : Aboukir en Egypte, le rêve d’un empire orientale et de porter le feu contre l’Angleterre au loin. Trafalgar confirme l’impossible débarquement en Angleterre tout en attribuant la domination des mers définitivement aux Anglais.

 

Aboukir : les erreurs fatales

Nous ne reviendrons pas en détail sur les motivations de la campagne d’Égypte. Un des objectifs de l’expédition était d’attaquer l’Angleterre sur un territoire stratégique. La désinformation et le secret constituent les premières réussites. Les Anglais tombèrent le piège et la destination de flotte française demeure inconnue. Dès le départ, les Français devaient composer avec quatre faiblesses : peu de ravitaillement, des équipages incomplets (on estime à un tiers les marins absents), des navires de guerre de qualité variables et plusieurs très médiocre, absence quasi totale de rechanges. Bonaparte et le Directoire s’appuyaient sur des rapports anciens de plusieurs décennies pour espérer pouvoir profiter des ressources d’Alexandrie et des environs pour nourrir et réparer la flotte.

 

Une traversée chanceuse

Une telle expédition ne pouvait pas rester inconnue des ennemis de la France bien longtemps. Étonnement, la désinformation orchestrée par le Directoire et Bonaparte fonctionna parfaitement, malgré la collecte d’informations véridiques. Les Anglais se laissent tromper. Cette chance, les Français les conservent tout au long du voyage vers Alexandrie. Nelson croise pourtant en Méditerranée afin de débusquer la flotte française. Aucun des deux adversaires ne sait où navigue l’autre ! Les Anglais passent trop tôt à Alexandrie et rate les Français de quelques jours.

 

Une position de mouillage intenable

Les Français arrivent en Égypte le 30 juin 1798. Par précaution, Bonaparte ordonne une posture de combat. Le consul de France monte sur l’Orient. Il prévient que Nelson était en vue d’Alexandrie quelques jours avant. Bonaparte redoute une arrivée surprise. Il décide d’abandonner le plan initial (attaquer simultanément Alexandrie, Damiette et Rosette). Il se concentre uniquement sur Alexandrie. Malgré une forte mer, le débarquement se déroule sans réel encombre.

 

Tandis que l’armée française conquiert la Basse Égypte, la flotte de guerre menée par l’amiral Brueys devait soit partir pour Corfou, soit se mettre à l’abri dans le Port-vieux d’Alexandrie. Les approximations des fonds du port d’Alexandrie et son accès, posent problème. Dès le départ, l’amiral rejette l’option alexandrine. Il fallait vérifier le possible tracé, Brueys fait tout pour retarder le travail. Cet atermoiement fait perdre un précieux temps.  Et Bonaparte loin de la ville ne pouvait imposer ses décisions. La communication entre l’armée et Alexandrie étant difficile, Bonaparte est mis au courant de la situation que le 13 juillet. L’amiral, seul, impose son non-choix. Il porte la flotte dans la baie d’Aboukir, au nord-est. Bonaparte finit par valider la situation. Brueys pense que la position est forte et protectrice. La situation réelle se révèle catastrophique : aucune protection naturelle, fonds mal connus. Autre faiblesse, la rade s’avère impossible à défendre par l’artillerie terrestre. L’optimiste des premiers jours disparaît. L’amiral admet la faiblesse de la position. Il souhaite un mouillage avec 130 mètres entre chaque navire. Le vaisseau de tête se situe au plu près de l’écueil d’Aboukir.

 

La stratégie de Brueys est de combattre au mouillage, d’ou la nécessité d’embosser les navires. La manœuvre se déroule difficilement, leur inexpérience et l’insuffisance du nombre des matelots se révèlent enfin au grand jour. Au centre, le trois ponts de 120 canons, le vaisseau amiral Orient, tient sa position. L’avant garde se compose de 6 navires sous les ordres du contre-amrial Du Chayla, l’arrière-garde se contente de 3 vaisseaux sous le commandement de Villeneuve. Brueys pense que les Anglais attaqueront l’arrière-garde et non l’avant-garde, à cause du danger des récifs. Cette hypothèse explique que l’amiral place les meilleurs vaisseaux à l’arrière-garde, les plus mauvais à l’avant-garde. Il complète la position par une artillerie sur l’écueil d’Aboukir. Mais la tête de la ligne étant trop éloignée, les canons n’ont aucun avantage tactique. Brueys connaît l’inefficacité des batteries terrestres mais refuse tout changement. Bonaparte ne connaît pas ce détail. Pour Brueys, la position au mouillage de la ligne française constitue la meilleure solution pour combattre l’Anglais, bien que la tête française mouille bien trop au large pour éviter toute infiltration.

 

Comme le note Michèle Battesti (La bataille d’Aboukir, Economica, 1998), cette position possède trois faiblesses organisationnelle : impossibilité à plusieurs vaisseaux de coopérer leurs puissances de feu pour détruite un ennemi (la ligne est trop distendue), l’ennemi peut tourner la ligne l’éloignement excessif de la ligne des hauts fonds du rivage, impossibilité à la défense terrestre de soutenir la ligne française ! Certains officiers s’étonnent auprès de l’amiral de la position et de ses faiblesses. Brueys n’entend rien. Il demeure convaincu que sa position est forte. Il estime que cela peut suffire à impressionner Nelson.

 

L’incapacité matérielle et humaine des Français

La flotte souffre d’une logistique défaillante. Les effectifs déjà largement incomplets s’amenuisent avec la maladie. Durant tout le mois de juillet, la flotte rentre dans une étrange léthargie. Le manque de ravitaillement pose d’énormes problèmes. Bonaparte espérait régler tout cela une fois à Alexandrie, désillusion. L’insécurité entre la flotte et l’armée opérant à l’intérieur du pays interfère sur la communication et les envois des ordres. L’approvisionnement en eau se règle seulement le 1er août ! De plus, impossible de réparer les navires, faute de matériels. L’attitude de l’amiral sape le moral. Quatre semaines d’inaction a eu pour conséquence de supprimer toute vigilance et volonté militaires en alerte. Les deux frégates anglaises aperçues le 20 juillet ne sortent pas la flotte de son sommeil. En secret, personne ne croyait à l’apparition de l’Anglais. Les communications entre Aboukir et Bonaparte, alors au cœur de la Basse Égypte se rétablissent à la toute fin du mois de juillet. Le 30, Bonaparte reçoit les lettres de son amiral. Il comprend que la position de la flotte est intenable. Il dépêche un aide de camp de toute urgence pour avertir Brueys de rentrer dans le port d’Alexandrie puis de rejoindre Corfoue. Le courrier tombe dans une embuscade et meurt. Les ordres n’arriveront jamais (il est douteux qu’ils fussent arrivés à temps).

 

Le désastre

Nous sommes le 1er août. La situation s’améliore enfin pour la flotte. Le ravitaillement devient opérationnel, et les communications avec l’armée fonctionnent. La journée se déroule sans doute normalement. En début de l’après-midi, à 14h, on signale douze voiles. Une heure plus tard, les Français confirment leur première idée : Nelson et ses navires arrivent. La surprise est totale pour les Français. Il faut rappeler en urgence les matelots et soldats à terre. Les navires se mettent en alerte. Une violente réunion de l’état major se déroule sur l’Orient. À 17h, l’Orient annonce aux autres navires que l’on se battra au mouillage…

 

Avec stupéfaction, les Français découvrent que l’ennemi n’est pas plus nombreux qu’eux. En puissance de feux, les Français surclassent les Anglais (1 182 canons contre 1012). L’avantage anglais se réalise dans la qualité du matériel et des matelots bien plus expérimentés. Nelson perd l’avantage d’un vaisseau, le Leander, qui s’échoue et prive l’amiral anglais d’un des meilleurs éléments de sa flotte. Dès le départ, les Français savent comment l’Anglais va aborder l’affrontement : épuiser les ailes l’une après l’autre, en commençant par l’avant garde puis le centre. Brueys décide tout de même de conserver la position. Il laisse les meilleurs vaisseaux à l’arrière garde.

 

Le Goliath double la ligne, le reste de la flotte anglaise suit. Une dizaine de vaisseaux se dirigent vers l’avant garde française. Nelson a fait le choix d’un combat en s’embossant bord à bord. Sans carte, les Anglais s’engagent dans la manœuvre. Les vaisseaux ennemis étant moins gros et moins lourds peuvent s’engager dans des eaux moins profondes. La manœuvre sème une panique dans l’avant-garde française. Les batteries bâbord sont masquées. Faute d’équipages complets, les Français ne peuvent efficacement utiliser les canons que d’un bord ! Par un hasard de la technique, le Goliath ne peut, comme il en avait l’intention, jeter l’ancre contre le Guerrier, il s’arrête seulement après avoir dépassé le Conquérant, laissant la place aux autres navires anglais de suivre le mouvement… Le Zealous, Orion, Audacious, Theseus s’engouffrent et prennent position pour un combat à bâbord. Alors que le reste de la ligne anglaise combat au large. Le combat bord-à-bord débute aux alentours de 18h. Le Bellerophon manque lui aussi son mouillage et s’arrête près du plus puissant navire français, l’Orient.

 

La bataille se livrant bord contre bord, c’est-à-dire, à bout portant, la rapidité et la précision des canonniers et des mousquetaires font la différence. Les Français, manquant d’hommes et d’entraînement, subissent la supériorité anglaise. La qualité médiocre de certains navires français se révèle rapidement. Les premiers tirs de canons arrachent pitons, palans, crocs, rendant inutilisable les canons… Tactiquement, Nelson attaquant des deux bords, à plusieurs contre un profite de sa mobilité pour ajuster au mieux la position des vaisseaux. La ligne française étant fixe, impossible de modifier les positions.

 

Vers 19h, les canons de l’Orient mettent à mal le Bellerophon qui doit quitter la  bataille. Les Français veulent de l’amarrer, mais la manœuvre est tellement lente, que le Bellerophon s’échappe. Brueys meurt sur l’Orient. La flotte n’a plus de commandant en chef. L’avant garde française, au même moment, commence à céder. Vers 20h, la ligne française a déjà plusieurs navires hors jeux : Guerrier, Conquérant, Spartiate, Aquillon, Peuple Souverain. Hormis le Franklin, toute l’avant garde française est écrasée mais continue à combattre. Sur les navires restants, on mobilise les équipages aux batteries afin de répondre à la puissance anglaise. Petite consolidation, Nelson est blessé. La nuit tombe complètement. La bataille demeure confuse. Les meilleurs vaisseaux français attendent le combat.

 

Pour le malheur des Français, Nelson reçoit l’appui de trois navires : Swiftsure, Alexander, Leander. Les deux premiers revenant d’une mission à Alexandrie. À cet instant, l’arrière garde sous la responsabilité de Villeneuve peut encore faire basculer les événements en allant à la rencontre des nouveaux venus ou se porter à l’avant garde. Villeneuve ne bouge pas ! Les trois vaisseaux anglais s’arriment contre le centre français pour l’affaiblir. Le Peuple souverain ne peut plus combattre. L’Aquillon fait de même peu après.

 

L’Orient combat sur deux fronts : les Anglais et surtout un incendie que les matelots n’arrivent pas à maîtriser ravagent l’immense trois ponts. Le feu se protége rapidement sur l’ensemble du navire. On ordonne l’abandon du vaisseau. Vers 22h30, l’inconvenable arrive. Le fleuron de la flotte française, le plus gros de ses navires, le plus puissant avec ses 120 canons, explose  (deux explosions se produisent). L’Orient n’existe plus ! La déflagration s’entend jusqu’à Alexandrie. Comme par respect de cet exceptionnel événement, la bataille s’arrête. Désormais, la défaite des Français ne fait plus de doute.

 

Le combat reprend. Les derniers vaisseaux français encore en état de combattre s’acharnent à répondre. Le Tonnant et le Franklin livre les dernières forces. Au milieu de la nuit, les belligérants suspendent le combat. À l’aube, les canons crachent de nouveau le feu. L’Heureux est le premier à subir les meurtrières bordées anglaises. Villeneuve ordonne le départ avec les seuls vaisseaux encore opérationnels. Mais là encore, l’officier français tarde à exécuter la manœuvre. Ce n’est qu’un peu avant midi, qu’il donne l’ordre du départ. Dans sa chance, les Anglais, ayant subi des avaries non négligeables ne peuvent porter le combat sur l’arrière garde. Villeneuve avec le Guillaume Tell, le Généreux, et les frégates Diane et Justice, rejoint Malte.

 

La flotte française perd 11 vaisseaux sur 13, et 2 frégates sur 4. Sur le plan humain, on estime les pertes françaises entre 3 000 et 5 000 hommes (blessés ou tués). On admet habituellement 1 700 morts français.

 

Trafalgar : la chute finale ?

L’Empire en pleine marche, Napoléon Ier rêve d’envahir l’Angleterre. Le camp de Boulogne concentre son armée et il doit impérativement maîtriser la Manche. Problème, il faut concentrer la flotte. Or, les Anglais surveille de près les mouvements et empêchent toutes sorties. Nelson et Villeneuve jouent au chat à la souris durant plus de trois mois. Tout se joue alors aux larges de Cadix.

Plusieurs semaines avant la bataille, Nelson se doutait des faiblesses de la flotte franco-espagnole : peu de chance d’une cohésion de la ligne (grand nombre de vaisseaux, conditions météorologiques), faiblesses de la qualité des équipages, tactique de bataille. Dans un mémorandum, l’amiral anglais écrit qu’il veut rompre la ligne ennemie en attaquant perpendiculairement en plusieurs endroits. La flotte anglaise devant être divisée en deux groupes agissant indépendamment, avec l’appui d’une division avancée. Surtout l’ordre de navigation sera identique à l’ordre de bataille.

La tactique anglaise appelée « se faire barrer le T » paraît dangereuse pour l’attaquant. Car, il ne bénéficie pas de la puissance de son artillerie, alors que l’attaqué peut concentrer les tirs de plusieurs navires. Or, Nelson pense que l’ennemi sera incapable d’en profiter. Cette tactique s’avère redoutable, car, l’attaquant fait feu sur les parties les plus faibles des navires : la proue et la poupe. De plus, comme à Aboukir, Nelson cherche l’anéantissement de l’adversaire. L’amiral anglais, qui a pleinement confiance en ses officiers contrairement à Villeneuve, favorise l’action des capitaines. Il sait aussi que l’amiral français se contentera d’une ligne défensive classique.

La flotte franco-espagnole possède 33 vaisseaux, dont un 136 canons (Santisima Trinidad), deux de 112 (Santa Ana, Principe de Asturias), un de 100 (Rayo). Le vaisseau amiral français, le Bucentaure, n’est qu’un 80 canons. Les Anglais alignent 27 vaisseaux, dont trois de 100 (Royal Sovereign, Victory, Britania). L’artillerie est l’arme principale dans une bataille navale. Déjà nombreuse à Aboukir, à Trafalgar, ce sont 4 780 canons qui vont cracher le feu ! Comme le dit si bien Michèle Battesti, à Austerlitz, Napoléon aligne seulement 149 canons ! On peine à imaginer l’effroyable puissance de feu de 5 000 canons, et encore moins le bruit et l’épaisse fumée !

La bataille

Nous reprenons ici le découpage de la bataille en trois phases que Michèle Battesti présente dans son ouvrage sur Trafalgar.

 

20 octobre

La flotte alliée sort des passes de Cadix. Malgré les ordres de l’amiral Villeneuve, elle ne tient pas la formation. De nombreux navires espagnols sont sous-ventés. Les conditions de navigations se dégradent. La situation oblige l’amiral a opté pour une marche en trois colonnes. Vers 18h, l’Achille aperçoit 18 voiles, celles de Nelson. Malheureusement, Villeneuve ne voit pas les signaux de l’Achille. Ce n’est qu’à 20h, qu’il aperçoit les feux de l’adversaire. Il ordonne la ligne de bataille. Opération d’une extrême délicatesse la nuit.  La situation demeure confuse du côté anglais, Nelson possède peu d’informations précises sur la marche réelle de l’ennemi.

 

21 octobre, à l’aube

Les alliés naviguent toujours en direction de Gibraltar, en formation distendue. Vers 6h40, Nelson donne le signal de la formation en deux colonnes, il abandonne l’escadre avancée. Il cherche à renforcer les colonnes lors du contact. La formation pour « se faire barrer le T » se met lentement en place. Le vent faible ralentit considérablement la navigation. De son côté, Villeneuve ordonne vers 7h, la formation de la ligne de combat. Mais le vent faiblissant encore, la manœuvre s’exécute péniblement. Villeneuve comprend la manœuvre anglaise en deux colonnes. Incapable d’arriver à Gibraltar avant le contact, il devine que Nelson va sans doute attaquer par l’arrière-garde et couper toute retraite sur Cadix. Il engage alors la flotte près de la côte réputée très dangereuse. La flotte vire de bord. L’ordre de la flotte s’en retrouve totalement modifié. Gravina se retrouve à l’arrière-garde, alors qu’il devait être à l’avant, et les meilleurs vaisseaux se retrouvent à l’avant, les plus faibles à l’arrière. La manœuvre désorganise la ligne alliée. Elle est difforme. Par endroits, elle s’engorge par la présence de trop nombreux navires, parfois, des brèches s’ouvrent dans le dispositif par la lenteur de certains vaisseaux. 

 

11h30

Villeneuve hisse le signal d’ouvrir le feu lorsque l’ennemi sera à porter. Vers midi, la bataille peut enfin débuter. La colonne dirigée par Collingwood (sur le Royal Sovereign) arrive le premier au contact au niveau du Santa Anna, un 112 canons. Les tirs du Fougueux trop imprécis à cause de la houle, ne perturbe nullement la marche anglaise. Les vaisseaux alliés malgré l’avantage tactique n’arrivent pas à en profiter. Nelson avait donc vu juste. Les premiers tirs du Royal Sovereign ravagent le Santa Ana. Après cette mise en bouche, le navire anglais se met contre lui. Le combat se fera donc bord contre bord. Collingwood demeure isolé, cinq vaisseaux alliés l’entourent. D’autres navires de la première colonne anglaise s’invitent au combat. Le Royal Sovereign perd son grand mât. Désormais, la bataille se joue sur la rapidité de tirs. La colonne Nelson tarde à fondre sur le centre ennemi, faute de vent. Dumanoir demeure sur sa position et ne cherche pas à couper la route ennemie. Nelson se dirige vers le Bucentaure où Villeneuve réside. Les tirs alliés laissent indemne la colonne anglaise qui s’avance sans trop de dommage malgré les centaines de canons tirant sur elle. La tactique de Nelson a une nouvelle fois fonctionnée. Le Victory rompt la ligne alliée. Mais, Nelson à moins de chance, le Victory subit la puissance de feu adversaire et n’arrive pas à riposter. À 13h15, dans une farouche bataille où les alliés tentent d’aborder le Victory, Nelson tombe à terre. Il est gravement blessé par une balle (il meurt quelques heures plus tard). Elle provient du Redoutable. Malgré leurs efforts, les alliés ne parviennent pas à prendre pied sur le Victory. Le Temeraire arrivant en soutien ouvre un intense feu contre le Redoutable. Dans le même temps, le Bucentaure subit un violent assaut du Neptune, un 98 canons (contre 80 pour le Bucentaure). Le Neptune, le San Leandro et le San Justo se portent au secours du Santa Ana et non du vaisseau amiral, le Bucentaure, en mauvaise posture.

 

14h20

Le Redoutable, un simple 74 canons, cesse le combat après avoir crânement défendu son rang contre plus de 200 canons ennemis ! Le Santa Ana,  un superbe 112 canons espagnols, se résout à abaisser ses couleurs après la perte de ses trois mâts. Le centre allié ne peut plus faire grand chose. Une heure plus tard, le Bucentaure incapable de répondre et démâté se rend. Villeneuve se livre aux Anglais.

 

Que fait Dumanoir ?

La division commandée par Dumanoir passe devant le centre allié alors dans un état catastrophique. Il ne cherche nullement à combattre, ni même tenter de desserrer le Bucentaure. Les 4 vaisseaux de Dumanoir s’éloignent sans livrer combat. Il n’a jamais exécuté le signal n°5 hissé à 12h30, donnant ordre aux navires non engagés de s’engager dans le combat. Une redite de l’attitude de Villeneuve à Aboukir. Une faute que hantera la carrière de Dumanoir.

 

Une catastrophe

La bataille se termine en fin d’après-midi.  Les Anglais ont réussi la performance d’abattre la flotte alliée en à peine 5 heures ! Ils capturent 17 navires (8 Français, 9 Espagnols) dont le Bucentaure et le Santa Ana. Contrairement à Aboukir, les Anglais ne réussissent  pas à anéantir la puissance navale ennemie, quinze vaisseaux s’échappent. Les Anglais perdent 449 hommes (plus 1 214 blessés). Le décompte du côté allié demeure incertain. Les Français auraient 3 370 morts , les Espagnols environ 1 038. Les Anglais font prisonniers plus de 4 800 officiers et matelots dont l’amiral Villeneuve.

 

Malgré la résistance souvent héroïque de nombreux vaisseaux alliés, les Anglais démontrent une nouvelle fois la supériorité incontestable de la Royal Navy. Cependant, n’oublions pas que cette victoire n’est que défensive, il fallait éviter le regroupement des forces alliées et la réalisation du camp de Boulogne (bien que celui-ci n’est déjà qu’un souvenir). La mort de Nelson prive l’Angleterre d’un tacticien d’exception, d’ou une consolation du côté français. Trafalgar creuse définitivement la tombe du marine impériale, qui malgré tous les efforts de Napoléon durant dix ans ne réussit pas à rivaliser avec la Royal Navy.

 

Bibliographie

M. Battesti, La bataille d’Aboukir 1798, Economica, 1998

M. Battesti, Trafalgar, Napoléon Ier éditions, 2004

 

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