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la préhistoire en Egypte : les gravures de Qurta datées de 15 000 ans !

Qurta ne vous dit certainement rien. Il s'agit d'un site non loin de Kom Ombo où des gravures rupestres de la préhistoire égyptienne furent découvertes il y a quelques années. Aujourd'hui, après une étude plusieurs années, la datation a pu être confirmée : les gravues ont 15 000 ans. l'annonce officielle et l'article présentation seront dévoilés le 21 novembre prochain pour le magazine Antiquity. photo : MRAH (Musées royaux d'Art et d'Histoire, Bruxelles).

Voici pour mémoire un article de François Tonic paru dans Toutankhamon Magazine n°37.

Aux origines de l’Égypte : la préhistoire égyptienne

Quand nous évoquons l’Égypte, nous pensons immanquablement aux temples, aux tombes, à Karnak, Toutankhamon, Amarna, etc. Il existait pourtant quelque chose avant le roi Narmer. Ce quelque chose, Petrie, célèbre égyptologue anglais, l’appela « dynastie 0 ». Mais encore avant, il y a la préhistoire de l’Égypte. Inconnue du grand public, les spécialistes de cette période, en France, se comptent sur les doigts d’une main, voire de deux...

Dans ce dossier, nous allons tenter de cerner quelques étapes de cette préhistoire, notamment en se focalisant sur les sites de El-Hoshet Qurta en Haute Égypte. Nous avons posé des questions au directeur des fouilles belges de ces hauts lieux préhistoriques, Dirk Huyge.

Nous entamons, par ce dossier, une longue exploration de ces périodes jusqu’à l’avènement de l’Ancien Empire avec les débuts de la IIIe dynastie.

Par François Tonic

Situé à quelques dizaines de kilomètres au sud d’Edfou en Haute Égypte, le site d’El-Hosh recèle un trésor préhistorique qu’une petite poignée de touristes a le privilège de voir. Le site est mieux connu sous l’appellation de « chasseurs de poissons d’El-Hosh ». Mais entre le Wadi el-Chott (voir Toutankhamon Magazine n°36) et Edfou, des dizaines de sites furent répertoriés, totalisant des milliers de pétroglyphes.

Le site possède des dizaines de pétroglyphes de diverses époques, les plus anciens datent du 7e-6e millénaire, le plus récent de l’époque byzantine-arabe. L’appellation de chasseurs de poissons vient de représentations rares dans la vallée du Nil et unique dans l’art égyptien ancien. Sur plusieurs sites d’El-Hosh, comme à Gebelet Jussef et Abu Tanqurah Bahari, on remarque des gravures pouvant ressembler à des champignons ou plutôt des tracés curvilinéaires. Dès les années 1930, Winkler, qui fit quelques publications, y vit des nasses à poissons.

En Égypte, ce type d’appareil halieutique n’est pas représenté. Il faudrait donc voir dans ces étranges tracés des enclos labyrinthiques pour capturer des poissons. Ils étaient implémentés dans le cours du Nil ou des canaux. Ils comportaient une étroite entrée par laquelle le poisson pouvait passer et se perdre ensuite dans les espaces clos. Un « mur guide » pouvait être parfois utilisé. Ils étaient en grande partie (ou en totalité ?) réalisés en pierre, par empilement. Mais le bois pouvait être utilisé.

Malheureusement, les fouilles n’ont pas révélé le moindre indice sur cette population de pêcheurs. Était-elle sédentaire ou nomade ? Nos connaissances tendent à y voir une occupation ponctuelle des lieux pour y effectuer la pêche. Les images gravées pourraient être liées à une croyance ou des rites pour demander une bonne pêche. Concernant la datation, nous sommes là vers 5000-6000 ans av. J.-C.

Une chronologie difficile à cerner

Comme nous l’a précisé Dirk Huyges, la datation de l’art rupestre demeure encore expérimentale. Une des méthodes fut d’analyser la patine naturelle dans les sillons gravés (ainsi que le vernis naturel recouvrant les gravures). Bien qu’approximative, elle fournit tout de même une date minimale. D’autres techniques sont mises en œuvre telles que l’analyse radiocarbone des restes organiques présents dans cette même patine et le vernis. Il y a aussi une analyse des traces d’uranium (basée sur la dégradation des isotopes d’uranium qui se réalise dans le temps). À l’heure actuelle (comme nous l’a confirmé M. Huyge), les résultats préliminaires existent pour El-Hosh mais pas encore pour Qurta. Cela prendra encore quelques mois avant de pouvoir affiner les résultats. Dans la datation de l’art rupestre, il faut donc utiliser différentes méthodes. Il y a notamment l’étude comparative du style artistique entre les sites ou du style en lui-même (ainsi que le contexte archéologique). Elle fournit des éléments capitaux dans la datation.

Des cultures dans toute l’Égypte

Si aujourd’hui, El-Hosh et Qurta apparaissent comme des « sites vedettes », il existe de nombreux sites d’art rupestre dans les déserts de l’Est, de l’Ouest et aux bords de la vallée du Nil. La grotte de Djara est une des plus connues. Située entre Assiout et l’oasis de Farafra, elle possède de nombreuses représentations d’autruches, d’antilopes, et diverses autres espèces. Si les objets découverts dans l’environnement de la grotte remontent vers 6000-8000 av J.-C., aucune étude sérieuse n’a été réalisée sur l’art de Djara.

L’autre site important se nomme Wadi el-Obeiyid, situé au nord-ouest de Farafra. Cette grotte se répartit en trois salles. Son art se compose de gravures et de peintures. On y trouve notamment plusieurs mains peintes, en plus de représentations d’animaux. Elle remonterait à 6000-5000 av. J.-C. Elle appartient à ce que les spécialistes appellent « sociétés proto-agricoles ». Ces mains sont peu communes dans l’art préhistorique nord-africain. L’autre exemple connu est le site libyen de Wadi Athal Shelter. Faut-il y voir un lien possible entre les deux sites malgré les 2000 km les séparant ? D’autre part, pour le moment, nous ne connaissons rien d’une connexion entre cette culture et les populations de l’art rupestre de la vallée du Nil.

Deux autres lieux recèlent des trésors préhistoriques : le Gilf Kebir et le Gebel Uweinat, aux frontières égypto-soudano-libyennes. Ces vastes ensembles pictographiques possèdent un style plus proche de l’art saharien (dans le style et l’iconographie) que celui de l’Égypte de cette période.

Mais la région thébaine (région autour de Louxor) recèle aussi son art rupestre. Appelée le désert thébain, située à l’ouest de Louxor, la région est ratissée depuis plus de 15 ans par les Darnell avec le projet « Theban Desert Road Survey ». Parmi les nombreux sites référencés, le plus connu est le Gebel Tjauti, découvert en 1995, avec un grand graffiti d’un combat militaire remontant, peut-être, au règne du roi Scorpion (dynastie 0, vers 3250-3300 av. J.-C.).

Interprétation et compréhension de l’art rupestre

Comment comprendre l’art rupestre égyptien ? Actuellement, il n’existe aucune réponse. En 2002, Dirk Huyge, dans son article « Cosmologie, idéologie et pratiques religieuses individuelles dans l’art rupestre de l’Égypte ancienne », émet plusieurs hypothèses :

- une symbolique magique, en particulier pour les représentations animales. Cette hypothèse est cependant aujourd’hui abandonnée ;

- une interprétation totémique : difficilement tenable à cause de la diversité de l’iconographie animale et surtout, l’iconographie de ces époques montre des espèces dont, à l’époque prédynastique, il n’y a pas de statues divines ;

- une représentation religieuse : possible mais souvent combattu. Les traces religieuses à ces hautes époques sont ténues, voire inconnues ;

- la naissance de l’idéologie : si elle se discerne aux époques prédynastiques, pour la préhistoire comme à Qurta ou El-hosh, cela est discutable.

Tout cela montre l’extrême difficulté de comprendre les motivations profondes de ce peuple que l’on ne peut qualifier d’égyptien. Il faudrait peut-être utiliser un terme plus neutre : peuple(s) nilotique(s). Les informations lacunaires, voire inexistantes, sur ces populations préhistoriques nous privent de nombreuses données sociales et historiques. 

Vers l’Égypte prédynastique

Nous savons aujourd’hui que le désert de l’Ouest connaissait une période humide jusqu’à 6000-5000 av. J.-C. Un changement climatique s’opéra alors poussant sans doute une partie de la population à migrer vers les bords du Nil. Il se pourrait qu’elle maîtrisa l’agriculture et l’irrigation. Coïncidence ou non, c’est à la cette même période que l’on retrouve, au bord du Nil, les premières traces agricoles, principalement dans le Fayoum (dit Fayoum A) puis dans le reste de l’Égypte. Peu après, c’est l’élevage (la domestication animale) qui va avoir lieu. Cependant, comme le note justement Béatrix Midant-Reynes, nous ne savons si cette domestication est d’origine égyptienne ou étrangère ; la même interrogation existe pour la culture céréalière.

D’autre part, l’archéologie montre clairement que la période néolithique débute, en Égypte, assez tardivement vers le milieu du VIe millénaire (d’abord dans le Delta avec le site Mérimdé et au Fayoum). Et aussi surprenant que cela puisse être, nous ne savons pas comment se déroula la transition entre les cultures de chasse, pêche et cueillette à une économie de production (agriculture, élevage, premières traces de commerce). C’est durant cette période que l’on discerne, toujours à Mérimdé, les premiers tissus urbains, les premiers vrais villages, avec des groupes sociaux plus importants. L’agriculture grandissante nécessite plus de main-d’œuvre et la production agricole nourrit plus de monde… Dans toute l’Égypte, des sociétés se développement. À partir du Ve millénaire, nous rentrons dans ce que les spécialistes appellent le début de la période prédynastique.

La Basse Égypte connaît alors un développement exceptionnel avec les sites de Mérimdé Béni-Salamé, le Fayoum A, puis de el-Omari, Badarie, puis quelques siècles plus tard de Bouto et de Maadi. Durant plusieurs siècles, ces cultures vont se structurer, évoluer. Si au début, la société demeure égalitaire, durant la seconde moitié du Ve millénaire, elle devient inégalitaire avec une distinction de plus en plus forte entre le « peuple » et l’élite dont sortiront les chefs puis les premiers rois. C’est aussi durant cette longue période que les mentalités se modifient : les rites funéraires évoluent avec l’apparition d’un mobilier funéraire, d’offrandes aux morts de plus en plus importantes, et surtout, on distingue le monde des morts (le cimetière) du monde des vivants (le village, la maison). Jusqu’à présent, la sépulture et l’habitat étaient proches.

Nous aborderons la période prédynastique dans un prochain numéro.

Quelques lectures…

Dirk Huyge, « Cosmologie, idéologie et pratiques religieuses individuelles dans l’art rupestre de l’Égypte ancienne », in Préhistoire Art et sociétés, tome LVII, 2002.

Dirk Huyge, “Grandeur in Confined Spaces, Current Rock Art Research in Egypt”, in Rock Art Studies News of the World 2, 2003.

Dirk Huyge, “The Fish Hunter of El-Hosh…”, in Bulletin des séances - Académie royale des sciences d’Outre-Mer, 51, 2005.

Béatrix Midant-Reynes, The Prehistory of Egypt, Blackwell Publishing, 2000 (édition française, 1992).

Béatrix Midant-Reynes, Aux origines de l’Égypte, Fayard, 2003.

Questions à Dirk Huyge, directeur de la mission belge fouillant et explorant les sites de Qurta et de El-Hosh

Toutankhamon Magazine : Depuis 10 ans, vous travaillez sur le site de El-Hoshpour lequel vous parlez des chasseurs de poissons et des « étonnants » pièges à poissons gravés sur la roche locale. Que représente ce site pour la préhistoire égyptienne ?

Dirk Huyge : Avant la découverte de Qurta, l’art rupestre d’El-Hosh était le plus ancien art connu. Sur ces sites, pour la première fois dans la recherche sur les arts rupestres africains, il a été possible d’obtenir une datation (directe) de ces gravures grâce à la datation par radiocarbone des matériaux organiques contenus dans les gravures, et particulièrement dans la patine recouvrant les dessins. Nous supposons que les sites d’El-Hosh doivent avoir au moins 7000 ans et qu’ils datent donc de la fin de la période paléolithique. Surtout, ces sites offrent un répertoire de représentations uniques dans l’art rupestre. De nombreux motifs à El-Hosh, comme les figures humaines, sont présents ailleurs en Égypte et en Nubie mais les pièges à poissons sont uniques ! Une telle concentration de ces dessins sur un espace très limité atteste sans nul doute d’une activité spécifique en ces lieux, à n’en pas douter un lien direct ou symbolique avec la pêche.

T.M. : Vous dites aussi que l’on ne connaît rien des « Égyptiens » ayant vécu sur ces lieux ? Étaient-ils présents toute l’année ou simplement périodiquement ? Peut-on tout de même dresser un « portrait robot » de ces habitants ?

D.H. : Nous avons entrepris des fouilles dans les environs des grands panneaux rupestres à El-Hosh, sans succès. Nous n’avons rien trouvé lié au peuple qui a dessiné cet art ! Je ne crois pas que ces gens étaient présents toute l’année. Ils venaient peut-être sur les sites une fois par an, pour des raisons précises. Dans mes premières publications sur le site, je comparais la situation d’El-Hosh avec ce que l’on trouve en Australie chez les aborigènes, et le phénomène nommé « moth hunting ». Je pense que la région d’El-Hosh fut un lieu saisonnier de rassemblement pour des individus qui venaient là pour la nourriture et peut-être pour procéder à des cérémonies et rituels, incluant la gravure.

T.M. : Au début 2007, vous avez découvert le site de Qurta. Comment s’est déroulée cette trouvaille ? Fut-elle une surprise pour vous et votre équipe ?

D.H. : Qurta fut en réalité découvert par des Canadiens il y a plus de 40 ans. En fait, nous avons redécouvert le site en 2005. Nous savions que Qurta n’avait pas connu de visites d’archéologues depuis la découverte. Seuls quelques dessins et photos étaient connus. Nous fûmes surpris de l’expression naturaliste de cet art rupestre. La mission canadienne n’avait jamais réalisé l’importance de ce site ! Bien sûr, à l’époque, il était difficile d’accepter l’existence de l’art rupestre paléolithique africain. Depuis, de nombreux sites d’art rupestre paléolithique en plein air furent découverts en Europe, alors pourquoi pas dans le nord africain ?

T.M. : Quelles sont les différences entre l’art d’El-Hosh et Qurta ? Et que savons-nous sur les auteurs de cet art ?

Disons-le tout de suite, l’art d’El-Hosh et de Qurta sont totalement différents ! À El-Hosh, il est particulièrement abstrait, schématique. À Qurta, au contraire, il est très naturaliste, spécialement en ce qui concerne les animaux. Concernant la chronologie, El-Hosh se situe plutôt à la fin du paléolithique, il y a environ 8 à 10 000 ans, alors que Qurta serait plus ancien et remonterait à environ 15 000 ans. La mission canadienne qui découvrit Qurta excava des occupations paléolithiques dans les environs immédiats des gravures rupestres. Ces occupations appartiennent à la culture dite « culture ballanienne-silsilienne » et remonterait à environ 15 000 ans. La découverte d’os d’animaux montre que ce peuple chassait et pêchait aussi et qu’il possédait une double économie de subsistance tournée vers le désert et le Nil. Ils chassaient l’aurochs, l’hippopotame, la gazelle, etc. Je ne doute pas que cette culture soit à l’origine de l’art de Qurta !

T.M. : Qurta serait un des plus anciens arts d’Égypte. Que nous apprend-t-il sur l’Égypte de cette époque ?

D.H. : L’importance de Qurta doit être vue à une plus grande échelle que l’Égypte seule. Les découvertes montrent clairement que l’Afrique possède un art préhistorique chronologiquement et esthétiquement comparable à l’art paléolithique européen, art européen connu depuis longtemps. À Qurta nous avons un site à ciel ouvert d’art paléolithique. Cette découverte complète un chapitre jusqu’à présent inconnu non seulement dans l’histoire égyptienne, mais aussi dans celle de l’Afrique.

T.M. : Pour les gravures d’Abu Tanqura Bahari, vous parlez d’un style semblable au style franco-cantabrique, tel que celui de Lascaux. Comment cela peut-il s’expliquer ? Et de quelle ressemblance parle-t-on ?

D.H. : Abu Tanqura Bahari se situe à El-Hosh et possède le même art que celui de Qurta : principalement des bovidés d’un style naturaliste et des figures humaines stylisées. La même combinaison se rencontre dans l’art paléolithique franco-cantabrien et on y retrouve des ressemblances sur le style artistique. Aussi bien en France qu’en Espagne, les animaux sont représentés dans des postures dynamiques, représentations bien différentes de celles, statiques, que l’on peut voir chez les animaux gravés dans l’art rupestre du IVe millénaire. Attention, je ne dis pas qu’il y ait eu des contacts directs entre le franco-cantabrien et l’Égypte à cette période. Je dis seulement qu’il existe un art et un style de vie très similaires, ce qui démontre une mentalité paléolithique équivalente, même à des milliers de kilomètres.

T.M. : Parfois, dans la presse et les médias en général, on a volontiers présenté Qurta comme un Lascaux égyptien. N’est-ce pas un amalgame réducteur ? Car si le style se ressemble, le terme « Lascaux égyptien » n’est-il pas exagéré ? Qurta ne ressemble pas à la grotte de Lascaux…

D.H. : J’ai effectivement utilisé le terme « Lascaux » en faisant référence à la célèbre grotte de Lascaux. Je n’ai pas voulu dire que Lascaux fut peint par des Égyptiens ou que les franco-cantabriens réalisèrent l’art rupestre de la vallée du Nil ! Je dis seulement qu’il y a des comparaisons valables à faire entre Lascaux et Qurta sur l’art rupestre. J’ai eu la chance de voir la véritable grotte de Lascaux il y a plusieurs années, ce fut pour moi une expérience émotionnelle. Une des plus belles choses que j’ai vue dans ma vie ! Au niveau esthétique, Qurta est aussi très beau. Il fut réalisé par des artistes talentueux et habiles mais on ne peut le comparer à la polychromie de Lascaux ! Malgré tout, scientifiquement parlant, Qurta est aussi important que Lascaux.

T.M. : Vous dites, à juste titre, que ces sites sont menacés de destruction. Qu’en est-il aujourd’hui ? Les autorités prennent-elles conscience de l’intérêt archéologique et historique de ces sites ?

D.H. : Les autorités locales des antiquités ont déclaré Qurta zone archéologique. Cela devrait arrêter les activités des carrières dans cette zone. Quand nous sommes partis du site en mars 2007, on construisait déjà un abri pour les gardiens. Mon espoir est qu’à terme, Qurta puisse devenir un « parc archéologique » visitable par les touristes. Actuellement, ces sites sont trop fragiles et trop difficiles d’accès pour être visités.

T.M. : Quand on parle Égypte, on pense invariablement aux pyramides, aux momies, à Karnak, aux grands temples. Les sites préhistoriques ne sont guères connus du tout public. Comment expliquer cette méconnaissance ? Et cela ne nuit-il pas au travail archéologique et scientifique ?

D.H. : Plusieurs recherches sont en cours mais les sites préhistoriques ne sont pas aussi spectaculaires que les autres sites égyptiens, du moins pour les touristes. Je pense que les autorités égyptiennes comprennent l’intérêt scientifique de la recherche préhistorique et les trouvailles de Qurta ont été largement couvertes par les médias égyptiens. Il est vrai que pour beaucoup de touristes venant pour la première fois, il y a d’autres priorités que des sites comme Qurta. Mais de nombreux touristes reviennent et commencent à s’intéresser à d’autres types de monuments à voir. Et en ce sens, Qurta constitue un monument important.

T.M. : L’étude et la découverte de sites comme Qurta, El-Hosh, Adaima font-ils espérer, selon vous, un avenir meilleur pour cette recherche ?

D.H. : Oui l’intérêt du grand public pour ce qu’il y a avant les pharaons grandit rapidement. Récemment, il y eut plusieurs expositions sur la préhistoire égyptienne. Nous réalisons maintenant que la civilisation pharaonique n’est pas née de rien. Les concepts pharaoniques, la culture et la religion, viennent de cette préhistoire. Et si nous voulons comprendre comment tout cela est venu, nous devons étudier les sites préhistoriques et dans ce but les sites d’art rupestre sont une source iconographique importante.

T.M. : Finalement, une question demeure. Qui était donc les « Égyptiens » de la préhistoire, si le terme égyptien se justifie?

D.H. : Je n’utiliserais pas le terme « Égyptiens » pour le peuple ayant créé l’art de Qurta. Qurta est bien loin de la civilisation pharaonique et il n’y a pas de lien avec l’Égypte des pharaons. Il s’agit d’un site égyptien et il est sous la responsabilité des autorités égyptiennes pour sa sécurité et sauvegarde. Mais en définitive, il appartient à l’Humanité. Je pense que Qurta fait partie de notre histoire au même titre que les pyramides, ou peut-être même plus. Et on s’aperçoit qu’il y a un esprit humain interactif dans son environnement, que se soit en Europe ou en Afrique, sur des voies très similaires. Indépendamment du temps et de lieu, l’homo sapiens trouve des solutions similaires pour les problèmes existentiels. 

 

 

Commentaires

Chers amis de l'Egyptologie 

Chers amis de l'Egyptologie 

Désolé pour long silence de mes interventions, silence dû à de très gos ennuis de santé.

je n'ai heureusement pas perdu l'intérêt pour le sujet de la préhistoire egyptienne. et d'une manière plus générale pour l'egyptologie.

En lisant le livre de Béatrx Midant Reynes  "Les origines de l'Egypte"  il semble que la période paléolithique et de l'art de Qutra ne l'ait pas passionné, elle parle surtout du Néolithique. Qutra n'apparait même pas dans l'index du livre, au demeurant passionnant. 

Connaitriez vous d'autres recherches sur le paléolithique égyptien?

 

Paul

le mieux est de suivre le

le mieux est de suivre le travail et les publications de Dirk Huyges (souvent en anglais)

et n'oubliez pas notre

et n'oubliez pas notre dernier article sur le sujet et la datation dans pharaon magazine n°9...

Merci pour ce texte

Merci pour ce texte passionnant à propos des gravures du paléolithique supérieur en Egypte.

Ce qui rend encore plus intéressant les découvertes de Qurta c'est qu'elles se situent sur une voie de passage empruntée par les "hommes modernes" lors de leur déplacement vers le moyen Orient et l'Europe.

Or la datation à - 15000 ans donne une estimation relativement récente pour la création de ces gravures : à peu près à la même date que certaintes gravures du Magdalénien de l'arc Franco-Cantabrique. On trouve également des gravures de même style à la grotte de Romito en Calabre, datées d'une période de -11000 ans

Serait-il possible que d'autres gravures plus anciennes aient été crées lors de migrations vers -25000 ou même -30000 ans, le long de cette route conduisant les hommes modernes d'Afrique vers le reste du monde?

Paul Tréhin chercheur indépendant sur l'art du Paléolithique supérieur.

merci François pour ce rappel

merci François pour ce rappel prédynastique et rupestre si intéressant!

nfr 

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