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La tombe d’Osiris : l’architecture funéraire parfaite ?

Nous parlons peu de la tombe d’Osiris. Sépulture du dieu Osiris, nous en possédons des représentations très précises. Mythique, le tombeau a influencé durant plus de 15 siècles l’architecture funéraire. Mais si cette tombe n’existe pas, pourquoi a-t-elle une si grande importante pour les anciens Égyptiens ? L’égyptologue Silvia Einaudi a récemment repris le dossier permettant de nouvelles hypothèses.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

photo : tombe d'osiris, mur exterieur du temple d'Amon (Karnak). François Tonic © 2012

 

Bien que la tombe d’Osiris soit mythique, cela n’a pas empêché les Égyptiens de la chercher, voire de l’inventer. On la trouve près du grand Sphinx de Guizeh, à Abydos, près du temple de Séthy I. Une troisième tombe, la plus connue et sans doute objet d’un pèlerinage, existe à Abydos dans le cimetière d’Umm el-Qaab : la tombe du roi Den (1re dynastie, vers 3000-2950 av. J.-C.). La tombe royale fut réutilisée comme tombe du dieu Osiris à une date indéterminée, peut-être à la fin du Moyen Empire. Un gisant en pierre, représentant Osiris, objet très curieux, s’y trouvait.

Une architecture symbolique et mythologique

Par les représentations anciennes, nous connaissons l’architecture divine : une salle funéraire contenant son corps momifié surmontée d’une grande butte de terre, plantée en son sommet d’un ou plusieurs arbres. Parfois on évoque le fait que le sarcophage du dieu était entouré d’eau, le sarcophage étant posé sur une petite butte symbolisant une île, cela représentant l’océan premier (les premières eaux), l’océan primordial d’où émerge la première terre (l’île supportant le sarcophage du dieu).

Il est à noter, comme le fait remarquer Silvia Einaudi, qu’une des constantes dans les représentations de la tombe d’Osiris est cette butte au-dessus du corps momifié et du ou des arbres plantés en son sommet. Comme nous l’avons dit plus haut, nous sommes là dans la naissance du monde, le Noun (voir article sur les portes du ciel, n°44). L’arbre symbolise la renaissance. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette représentation est relativement rare.

Mais quel rapport entre cette tombe mythique et l’architecture funéraire ? Existe-t-il un lien ou tout le moins une influence ? Quelques exemples semblent le prouver.

Le cas de l’Osireion d’Abydos

Quand on sort du temple de Séthy I par un long couloir voûté, à quelques dizaines de mètres, un trou béant attire le regard. C’est l’Osireion. Sous cet étrange nom se cache un cénotaphe dédié à Osiris, une tombe d’Osiris. Le cénotaphe est une tombe fictive. Si, aujourd’hui, seules les parties souterraines sont visibles, il faut imaginer que les énormes architraves supportaient des dalles colossales d’un plafond supportant au-dessous de la salle souterraine une butte de terre artificielle, plantée d’un ou plusieurs arbres. Bref, la tombe osirienne typique. Il existait donc à Abydos deux cénotaphes osiriens : l’Osireion et la tombe de Den.

L’aspect massif de l’Osireion s’explique par la volonté des architectes de rendre un aspect archaïque, comme on peut le voir dans le temple bas de Chéphren à Guizeh (près du Sphinx). Mais, paradoxe, si on constate un certain archaïsme dans la construction, l’Osireion reprend le plan d’une tombe royale de la vallée des Rois, plusieurs longs couloirs découchant sur une antichambre elle-même ouvrant sur une grande salle funéraire (et plusieurs chapelles latérales). Comme toute bonne tombe osirienne, une partie centrale surélevée représente l’île originelle et un canal représente l’eau primordiale, le Noun.

Quelques autres exemples de tombes osiriennes

Silvia Einaudi énumère une série de tombes qui auraient un lien de parenté avec la tombe d’Osiris. Les exemples les plus nombreux sont dans la nécropole de l’Assassif, au pied de Deir el-Bahari (rive gauche, Louxor).

Récemment exploré pour une nouvelle étude complète est la tombe de Padiaménopé (aussi appelé Pétaménophis). Estampillée tombe thébaine n°33, le tombeau est le plus grand de l'Assassif et l'un des plus vastes de Louxor. Son propriétaire, fin connaisseur des textes funéraires, laissa au coeur de sa tombe un énorme massif rocheux entouré d'un couloir. Ce massif se situe au-dessus de la salle funéraire. Nous serions « devant » une évocation de la tombe d'Osiris, avec sa butte de terre et la salle funéraire.

Autre exemple à l'Assassif est l'immense tombe du haut fonctionnaire nommé Harwa. Il officia durant la 25e dynastie (7e siècle av. J.-C.), la période des pharaons noirs. La configuration est un peu différente. Un très long couloir protège magiquement le cœur de la tombe. En effet, ce couloir a un double rôle : protéger et isoler le complexe funéraire, et représenter un canal d’eau (le Noun). Le cœur de la tombe serait alors l’île émergeant de l’eau primordiale. Et d’ailleurs, une représentation sculptée d’Osiris pourrait conforter cette analyse.

Cette idée du couloir magique qui protège la salle funéraire (en référence à Osiris) se retrouve dans le plan de la pyramide du pharaon Sésostris II à El-Lahoun (Fayoum, sud du Caire). Il semble que des arbres aient été plantés le long de la pyramide.

Les catacombes osiriennes de Karnak

Non loin du temple de l’Est, dans la zone dite osirienne, des catacombes ptolémaïques s’y développèrent. Leur fonction est de servir de tombe d’Osiris. Des dizaines de loculi en briques contenaient des figurines du dieu. Ces tombes devaient sans doute servir durant les grandes fêtes osiriennes. La partie souterraine (accès par un grand puit) évoque plus l’architecture de la tombe osirienne. Le site fut-il recouvert d’une butte avec en son sommet un arbre sacré comme l’évoque S. Einadi ?

Une tombe d’Osiris à Guizeh ?

Il y a plus de 10 ans, des archéologues explorent un étonnant puits creusé sur la chaussée de Chéphren. Cette découverte fit sensation à l’époque. Composée de 3 niveaux, cette « tombe » s’enfonce très profondément dans le sous-sol de Guizeh. Après le puits d’entrée, on débouche sur une sorte de chambre, et de là, on emprunte un nouveau long puits donnant accès à une grande salle dotée de 6 salles latérales, puis un dernier puits permettant d’arriver à la dernière grande salle. Cette dernière salle serait un cénotaphe osirienne avec une île, un sarcophage et de l’eau autour.

Cependant, faute d’une publication scientifique, la datation de cet ensemble demeure incertaine même si on parle d’un creusement durant le Nouvel Empire. Si un cénotaphe d’Osiris n’a rien d’exceptionnel, reste à comprendre sa présence à Guizeh et sous la chaussée de Chéphren. Une équipe égyptienne tente de comprendre cette étrange « tombe ».

Quel intérêt pour les rois et les fonctionnaires de creuser une tombe sur le modèle de celle d’Osiris ? La conclusion de S. Einaudi nous semble proche de la réalité. Cela permettait au défunt de se rapprocher du dieu et donc de revivre dans l’au-delà, car n’oublions pas qu’Osiris est le dieu qui règne sur le monde souterrain, l’au-delà. Et comme la tombe d’Osiris est elle-même symbole de la renaissance, nous comprenons l’engouement de certaines (riches) personnes.

Article paru dans toutankhamon magazine n°46

 

 

Commentaires

pas plus d'information sur le

pas plus d'information sur le travail de Einaudi.

Salut François,Merci de nous

Salut François,

Merci de nous ressortir cet article passionnant!

as-tu eu des informations sur les travaux de S. Einaudi ?

sont-ils terminés?

 

Merci!

Nfr/etienne

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